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LES GROUPEMENTS LEXICAUX 8 страница



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À côté de la métaphore vient se placer un procédé d`évolution sémantique basé sur la similitude de la fonction de deux objets. Ce phénomène repose non pas sur la ressemblance des objets comme tels, mais sur la similitude de la fonction qu`ils remplissent et qui permet de les rapprocher. Ainsi les mots plume et fusil désignaient autrefois : le premier, « une plume d'oie pour écrire », le second, « le foyer >v(du lat. pop. facile, de fociis - « foyer ») ; par la suite ces mots ont désigné des objets nouveaux associés aux premiers grâce à la communauté de leurs fonctions.

Non seulement ce moyen sémantique rappelle la métaphore, mais il se confond souvent avec elle. En effet, des cas se présentent où l'on transfère le nom d'un objet à un autre comparé au premier quant à la communauté de la fonction et la ressemblance extérieure. Le peigne n'est pas uniquement un instrument taillé en forme de dents et servant à dé­mêler ou retenir les cheveux, mais également un outil spécial de forme et de fonction semblable dont on se sert pour apprêter la laine, le chan­vre, etc.

Quelles sont les sources des métaphores ? Les métaphores ont à leur base des comparaisons puisées dans tous les domaines de l'activité de l'homme. Chaque profession, chaque métier, chaque occupation estime source intarissable de comparaisons, donc de métaphores. Ainsi le sport a donné naissance à se cabrer, aller à toute bride, tenir le dé (de la conver­sation), l'échapper belle (« manquer une balle » dans le jeu de paume). faire échec à : la chasse a donné : être à l'affût de, ameuter, appât, dépis­ter, faire une battue, revenir bredouille : la vie'militaire a engendré : battre en retraite, faire assaut d'esprit, de politesse ; de la marine nous avons : s 'embarquer dans une affaire, chavirer.

Les métaphores sont surtout nombreuses dans l'argot. Pour s'en con­vaincre on n'a qu'à passer en revue les mots d'argot désignant certaines parties du corps humain. Pour tête on dit boule, cafetière, citron, œuf, pomme, cerise ; pour visage on a hure, façade, bobine ; une tête chauve devient un caillou ; les jambes deviennent des quilles, des tuyaux : le ventre est un buffet ou un coffre. Cette abondance s'explique par le re­nouvellement constant de l'argot1.

§ 26. Le glissement de sens. Les multiples emplois d'un mot dans la parole mettent l'accent tantôt sur l'une tantôt sur l'autre de ses nuances de sens. Il en sera ainsi de pâle dans un visage pâle (décoloré), un soleil pâle (sans éclat), bleu pâle (faible de couleur) : de effacer dans effacer des traces de crayons et dans cette phrase de Saint-Exupéry . « II leva les yeux vers les étoiles... presque effacées les affiches lumineuses... »

Dans son ouvrage « La science du mot. Traité de sémantique » A. Carnoy a proposé une formule évocatrice de ce phénomène : abcd > abcd > abcd> abcd > abcd où les lettres en caractères gras traduisent lesnuances de sens mises en relief dans la parole et le signe > - l'apparition d'un emploi particulier. Deux possibilités se présentent : ou bien le mot élargit ses emplois sémantiques, alors que son sens n'est guère affecté (nbcd > abcd). ou bien il acquiert un sens nouveau (abcd > a/bccl/-^ a) En effet, si l'environnement ne fait ressortir régulièrement que certaines nuances sémantiques d'un mot au détriment des autres, ces dernières finiront par tomber dans l'oubli et le sens du mot évoluera.

A la suite du glissement de sens le contenu sémantique des mots peut changer complètement : ainsi, en partant de l'idée de surnaturel les mots merveille, merveilleux, féerie, féerique, magique, prestigieux, enchanté, enchanteur, ensorcelant, fascinant et charmant, sont -parvenus à rendre l'idée de beauté' : chétif qui à l'origine voulait dire « captif, prisonnier » a pris le sens de « faible » en passant par « malheureux » : autrefois étrange < estrange signifiait « étranger » et aujourd'hui « bizarre » : craindre < cremere < Iremere dont le sens était « trembler » est devenu par la suite un synonyme de redouter.

Le glissement de sens peut créer la polysémie : innocent ne s'appli­que pas seulement à celui qui n'est pas coupable, mais également à celui qui est crédule, naïf ; pauvre signifie non seulement « dépourvu du néces­saire ». mais aussi « malheureux », dérober correspond aussi bien à « prendre furtivement le bien d'autrui » (dérober de l'argent) qu'à « ca­cher, dissimuler » (un escalier dérobé).

Le glissement de sens est un phénomène fort répandu, basé sur la coexistence dans le contenu sémantique d'un mot d'indices notionnels (nuances) contigus. Éventuellement tout mot exprimant une notion peut subir l'effet de ce procès sémantique, mais il est surtout caractéristique des mots abstraits dont les notions offrent plus de fluctuations.

§ 27. L'amélioration et la péjoration du sens. Les procès sémanti­ques examinés jusqu'ici représentent des modifications d'ordre logique. Ils sont parfois accompagnés de modulations affectives qui portent sur le contenu sémantique des mots en lui ajoutant des nuances favorables ou défavorables.

Ce sont surtout les cas d'« avilissement » de sens qui sont fréquents.

Un mot dont le sens primitif est neutre peut prendre une nuance dé­favorable. Dans « Le jacassin » de P. Daninos, chez qui les dons d'humo­riste rivalisent avec ceux de philologue, nous lisons à propos de garce et fille cette plaisante remarque :

« L'évolution du langage ne se montre décidément pas galante pour le beau sexe. Garce, longtemps féminin de garçon, a commencé à mal tourner vers 1587. Quant à fille, si l'appellation est innocente au début de la vie (« Fille ou garçon ? »), elle ne tarde pas à servir aux femmes pour désigner toute femme avec qui leur mari les trompe : « Et c'est une fille de quel âge ? »'.

Toujours selon le témoignage de P. Daninos, le sort de bourgeois n'a pas été plus heureux : « Ennemi traditionnel des ouvriers, des aristocra­tes, des artistes, des snobs et des bourgeois eux-mêmes qui n'acceptent volontiers le mot que précédé de grand. Au féminin devient nettement péj »

Les causes de la dégradation du sens sont différentes. On peut noter, entre autres, l'attitude dédaigneuse que manifestent les représentants des classes dirigeantes à l'égard de certains métiers, de certaines occupations. Le mot rustre qui signifie encore parfois « un campagnard, un paysan » est surtout pris en mauvaise part, dans le sens d'« homme grossier ». Le mot vilain < bas lat. villanus qui signifie proprement « habitant de la campagne » a subi le même sort. Paysan et campagnard sont aussi par­fois employés avec ironie. Manant désignait autrefois « l'habitant d'une ville, d'un bourg, d'un village, un paysan ». à présent ce mot apris le sens d'« homme grossier ». Un épicier, « propriétaire d'une épicerie ». par­vient à désigner « un homme à idées étroites, à goûts vulgaires qui ne cherche qu'à gagner de l'argent». Le mot soudard qai désignait autrefois « un soldat mercenaire » signifie à présent « homme baital et grossier ». Un brigand désignait jadis « un soldat allant à pied et faisant partie d'une brigade » ; aujourd'hui il a un sens nettement négatif. Les mœurs dépra­vées des soldats ont contribué au développement des sens défavorables de ces deux derniers mots.

Les noms de nations et de peuples acquièrent aussi parfois un sens péjoratif non sans l'influence des idées chauvinistes et nationalistes que nourrit la bourgeoisie réactionnaire. Ainsi Bohémien devient le synom -me de « fripon, filou » : gaulois a parfois le sens le « scabreux, grivois » On dit filer a l'anglaise, chercher une querelle d'allemand, parler fran­çais comme un Basque espagnol, (variante de l'expression : « parler français comme une vache espagnole »). Le mot boche de caboche, ser­vait à désigner primitivement un habitant de l'Alsace « têtu et peu dé­gourdi » ; par la suite il a été pris en mauvaise part pour désigner un Allemand.

Des mots empruntés aux langues étrangères sont souvent dégradés : habler (empr. de l'esp.hablar-«. parler ») a le sens de « parler beaucoup en se vantant » (cf. : hâblerie, hâbleur, -se) ; rosse (empr. de l'ail. Ross -« coursier ») signifie « mauvais cheval » ; palabre (empr. de Pesp.pala­bra - « parole ») - « discours long et ennuyeux ».

Parfois la dégradation du sens est due à ce que l'objet ou le phéno­mène désigné par le mot évoque des associations négatives. Ainsi, oie devient le synonyme de « personne sans intelligence » ; sale - signifie « qui blesse la pudeur » dans sales paroles et a le sens de « contraire à l'honneur » dans une sale affaire ; fange s'emploie comme synonyme de « vie de débauche » ; bourbier prend le sens de « embarras » et pourri celui de « grande corruption morale ».

La dégradation du sens des mots est souvent causée par leur emploi euphémique.

Un e u p h é m i s m e est un mot ou une expression employé à dessein afin d'éviter l'évocation d'une réalité désagréable ou choquante. L'emploi euphémique d'un mot aboutit à la modification de la structure sémantique de ce dernier.

Par superstition religieuse ou autre on a parfois évité de prononcer les mots désignant la mort, certaines maladies, des choses « sacrées ». C'est ainsi que le verbe mourir est remplacé par passer, trépasser, décéder, s'en­dormir, rendre l'âme, partir, s'en aller, disparaître, quitter le monde, quitter les siens, fermer les yeux, s'endormir du sommeil de la tombe. Au lieu d'epilepsie on dit le haut mal ou bien le mal caduc.

Outre les euphémismes de superstition il y a des euphémismes de politesse ou de décence. Les euphémismes de décence sont des vocables au moyen desquels on adoucit un terme, une expression trop réaliste. Il est plus poli de dire simple, innocent, benêt que bête ; inventer ou défor­mer la vérité sont moins choquants que mentir ; au lieu de soûl on préfè­re dire un peu gris, gai, gaillard, attendri, ému, n 'avoir pas été complètement sage. En argot au lieu de dire voler on emploiera de préférence commettre une indélicatesse, travailler, opérer, acheter à la foire d'em­poigne, ne pas avoir les mains dans les poches.

Les mots peuvent subir une évolution sémantique opposée ; ils peu­vent améliorer leur sens, s'ennoblir. Toutefois ces cas paraissent être moins fréquents.

La nuance péjorative que certains mots possédaient à l'origine s'est estompée ou s'est effacée complètement. Tel est le cas de bagnole qui s'emploie de plus en plus souvent au sens neutre d'« automobile ». Bou­quin a suivi la même voie : de « livre de peu de valeur » il est parvenu à désigner n'importe quel livre.

Ce sont parfois des mots 'dont le sens primitif est neutre et qui au cours de leur développement prennent une nuance favorable Un cas inté­ressant est offert par l'évolution sémantique du mot bougre qui provient du latin Bulgarus ou autrement dit « un Bulgare ». Parmi les Bulgares on comptait un grand nombre d'hérétiques. De là le mot bougre a signifié « hérétique » : du sens d'« hérétique » on en est venu au sens d"« homme débauché ». et encore de « fripon, filou » : pourtant plus tard la nuance péjorative du mot s'est affaiblie et il a commencé à se nuancer favorable­ment ; aujourd'hui on dit C'est un bon bougre ! dans le sens d'« homme à cœur ouvert, franc et sympathique ». L'adverbe bougrement exprime le degré supérieur de la manifestation d'une qualité : C'est bougrement joli Le mot chien a subi une évolution analogue. Au sens figuré ce mot a été marqué d'une nuance défavorable (cf. : « Chien de philosophe enragé ». M o 1 i è r e). On dit encore aujourd'hui avoir une humeur de chien, il fait un temps de chien. Mais au XIXe siècle le mot chien commence à prendre une valeur positive : et on dit familièrement avoir du chien pour « avoir du charme »

§ 28. L'affaiblissement et l'intensification du sens (hyperbole et litote). L'affaiblissement du sens est une conséquence de l'emploi abusif, hyperbolique des mots ; il présente un moyen affectif de la lan­gue.

Les hyperboles sont bien fréquentes parmi les formules de politesse On dit être ravi, être enchanté défaire la connaissance de qn sans pren­dre les mots à la lettre. On exagère sans trop le remarquer lorsqu'on dit c 'est assommant, esquintant, crispant, tuant, rasant pour « c'est en­nuyeux ! » ou bien il y a des siècles, il y a toute, une éternité qu 'on ne vous a pas vu pour « il y a très longtemps qu'on ne vous a pas vu ». Très imagées sont aussi les hyperboles telles que aller comme le vent, marcher comme une tortue, verser un torrent de larmes.

L'emploi des termes exagérés est souvent une affaire de mode Kr. Nyrop signale que « les courtisans du temps de Henri 111 abusaient des adverbes divinement, extrêmement, infiniment ». Nous employons des hyperboles en disant : C'est prodigieux ' C'est renversant ! C'est épatant ! C 'est formidable, spectaculaire, sensationnel, époustouflant ' C 'est super, extra, géant, génial!

À force d'être constamment répétées les hyperboles finissent par s'user : elles perdent leur valeur expressive et. par conséquent, leur affec­tivité. Nous assistons alors à l'affaiblissement de leur intensité émotion­nelle, autrement dit à l'affaiblissement du sens. Ainsi le verbe blâmer avait primitivement le sens de « proférer des blasphèmes, maudire ». et dans ce sens il s'employait souvent comme hyperbole : à présent l'hyper-bole n'est plus sentie et ce mot s'emploie dans le sens de « désaprouver ; reprocher ». Autrefois le substantif ennui désignait « une grande souf­france ». et aujourd'hui « une lassitude morale ». La gêne signifiait « tor­ture » et gêner - « torturer ». Meurtrir avait le sens de « tuer ». comme l'atteste encore meurtre et meurtrier.

Par contre, lorsque nous voulons faire entendre le plus en disant le moins nous employons une litote (du gr. . litotes - « petitesse ») qui signifie « diminution ». Au lieu de il est intelligent on dit il n 'est pas bête : en parlant d'une pièce ennuyeuse on dit qu 'elle n 'est guère amu­sante : pour ne pas blesser une femme d'un âge avancé on dira qu'elle n 'est plus jeune. On atténue l'idée dans il est peu recommandable, où peu équivaut à « pas du tout ». La locution pas du tout, nettement péremptoi-re. peut être aussi remplacée par pas vraiment.

Les litotes, qui présentent un procédé affectif opposé à l'hyperbole, amènent à l'intensification du sens des mots.

§ 29. Les modifications du signalement. Les modulations dans la structure de la signification lexicale ne se bornent pas aux transforma­tions que subit le contenu idéal, elles atteignent les emplois traditionnels et stylistiques, autrement dit. le signalement des vocables.

L'usage varie au cours des siècles On ne dira plus comme au temps de Gace Brûlé :

« Or ne haïs rien tant que le jour, Ami, qui me départ de vous ». ou bien .

« Quand je gis au dedans du lit... ».

quoique les verbes départir et gésir aient gardé les sens de « sépa­rer » (départir l'or de l'argent) et « être couché » (il gisait sur le sol) Lesmots ouïr, chef («tête ») d'un usage courant jusqu'au XVI siècle, ne sont possibles que dans certaines tournures : j 'ai oui dire que. se couvrir le chef.

A chaque époque il y a des fluctuations quant à l'emploi des mots. l'heure actuelle les tournures dans le but de, fixer quelqu 'un, avoir très faim, il n'y a pas que des hommes suscitent des discussions. Peut-être verra-t-on s'imposer des emplois tels que arrêter de faire qch, excessive­ment bien condamnés encore par les dictionnaires soucieux du bon usage.

Notons aussi la variabilité dans le temps des caractéristiques stylisti­ques des vocables. Par exemple, dans le Petit Larousse de 1952 les verbes envisager (envisager une question}, l'expression se brûler la cervelle ont la marque « fam. » qui est absente déjà dans l'édition de 1960 ; avoir de la veine - « avoir de la chance ». rouspéter - « protester, maugréer » qualifiés de populaires dans l'édition de 1 952 figurent également comme familiers dans celle de 1960 et les suivantes. Signalons encore dégouli­ner en douceur - « doucement » (une voiture démarre en douceur), ac­crocher qn (accrocher qn au passage), arpenter - « marcher de long en large ». assommer qn - « ennuyer, importuner ». astronomique - « très élevé, exagéré » (des prix astronomiques) qui depuis peu ne portent plus la marque « fam. » dans les dictionnaires.

Un cas particulièrement représentatif est offert par l'expression en avoir ras le bol encore récemment perçue comme indécente (vu le sens argotique de bol - « postérieur »), mais couramment employé aujourd'hui : son dérivé le ras-le bol - « le fait d'en avoir assez » - semble avoir été rangé d'emblée parmi les mots stylistiquemcnt neutres.

À partir du milieu du XXe siècle on assiste à un mouvement accéléré de neutralisation du français qui se manifeste par « un abaissement des barrières entre les divers niveaux de la langue » [17, p, 57J. Des vocables de plus en plus nombreux franchissent les limites d'un style fonctionnel qualifié de « vulgaire » pour pénétrer dans la langue parlée qui pourrait être qualifiée de « niveau neutralisé de la langue » [17. p. 56].

§ 30. Grammaticalisation et lexicalisation. L'évolution sémanti­que peut conduire, d'une part, à lagrammaticalisation de mots pleins et. d'autre part, aune lexicalisation des formes grammaticales. Lagrammaticalisation suppose la transformation graduelle d'une signification indi­viduelle, donc lexicale, en une signification catégorielle d'ordre gram­matical, alors que la lexicalisation repose sur un processus inverse.

Ainsi pas mal de mots-outils du français moderne sont d'anciens mots autonomes à sens lexical. L'histoire de la langue française nous fournit une quantité d'exemples de ce genre. Il est connu que l'article indéfini un, une provient de l'adjectif numéral latin unum > un : unam > une.

Les particules de négation suivantes étaient tirées de substantifs qui ont reçu le sens négatif du XIIe au XVIe. : pas <passum - « un pas ». rien < rem - « une chose », personne <personam - « une personne ». point < punctum - « un point », goutte < gutta - « une goutte ».

Plus récente est la formation de certaines prépositions qui sont d'an­ciens participes présents ou passés : durant, pendant, concernant, excep­té, vu, hormis (« excepté »).

Le processus contraire peut être illustré par l'exemple classique de sire et seigneur qui remontent à des formes différentes du mot latin se­nior : sire provenant de sa variante familière seior et seigneur de senio-rem. accusatif de senior.

§31. Sur les causes de l'évolution sémantique des vocables. L'évo­lution sémantique des vocables s'effectue sous l'action de facteurs di­vers. Ces facteurs sont d'ordre extra-linguistique et linguistique.

Parmi les facteurs extra-linguistiques il faut nommer avant tout les changements survenus au sein de la société transformations sociales, progrès culturel, scientifique et technique ; ici viendront se ranger les emplois des mots dans une sphère nouvelle de l'activité humaine, em­plois dus à la différenciation de la société en couches sociales, groupes professionnels, etc.

Les transformations sociales, rapides ou lentes, sont des stimulants actifs de l'évolution sémantique des mots. Le tracé des modifications sémantiques d'un grand nombre de vocables présentent autant de repères marquant successivement des étapes historiques distinctes.

Les mots bourgeois et bourgeoisie n'avaient point à l'origine le sens qu'ils ont aujourd'hui. « Le bourgeois, dit M. Schône. fut à l'époque féodale l'habitant du bourg, par opposition, d'une part, au vilain, l'habi­tant de la villa du maître et travailleur de la terre, et d'autre part, à ce maître lui-même, le seigneur » [18. p. 77], Vers l'époque de la Révolu­tion française le mot bourgeoisie désignait une classe sociale progressiste et avait une valeur positive. Ce mot. qui nomme à l'heure actuelle la même classe acquiert parfois une nuance défavorable aux yeux des mas­ses laborieuses.

Le progrès dans l'instruction générale est attesté par le mot librairie qui désignait au Moyen Âge « une bibliothèque » et alors que de nos jours c'est un magasin où Ton vend des livres.

Les découvertes scientifiques, les acquisitions techniques se réper­cutent dans le système sémantique d'un grand nombre de vocables. Fu­sée à côté des sens tels que « fil enroulé surun fuseau ». « pièce d'artifice » et autres a reçu celui d'« engin cosmique » ; antenne du sens de « vergue oblique soutenant une voile » a passé au sens de « dispositif servant à l'émission et à la réception des ondes électromagnétiques » : chaine en partant de l'idée de « continuité » a désigné dans un atelier une sorte de chemin roulant (travail à la chaîne) et aussi l'ensemble des stations ra-diophoniques émettant le môme programme (chaîne nationale).

L'emploi d'un mot dans une sphère nouvelle de l'activité humaine est aussi suivi de la modification de la structure sémantique des mots. Ce phénomène remarqué pour la première fois par M. Bréal a été mentionné depuis dans beaucoup d'ouvrages. En effet, en changeant l'aire de son emploi un mot peut prendre un sens soit plus général, soit plus spécial. Tel est le cas de beaucoup de vocables qui ont passé de la langue commu­ne dans quelque terminologie ou jargon. Le mot virage dont le sens géné­ral est « action de tourner, de changer de direction » a reçu plusieurs sens spécialisés comme terme de photographie, de marine, de médecine. À partir du sens général « forme, méthode » le mot mode s'emploie dans des acceptions particulières en grammaire et en musique (mode majeur, mode mineur). Dans le jargon des écoles les mots coller, piocher, sécher prennent des sens particuliers.

Un mouvement contraire est aussi à signaler. Avec l'enseignement obligatoire qui a amené l'initiation d'un public toujours plus large au progrès technique et scientifique un nombre considérable de termes a reçu un emploi commun. Ainsi, cinéma, micro, enregistrer, téléphone, radio, avion, moteur, speaker, gaz, électricité, ordinateur, minitel, logi­ciel, puce, télex, scanner , Internet sont parmi les mots de haute fréquence.

Il peut y avoir aussi passage d'un mot d'une terminologie dans une autre. Beaucoup de ternies d'aviation ont été adopté par la terminologie maritime : escale, baliser, pilote, carlingue, passager, hélice, etc.

Les facteurs linguistiques sont tout aussi importants que les facteurs extralinguistiques, quoique moins étudiés. Des études intéressantes n'ont été amorcées que depuis quelques dizaines d'années et encore ne permet­tent-elles pas de sérieuses généralisations. Ce sont, en particulier, des ouvrages consacrés à l'influence réciproque des mots sémantiquement apparentés, formant des champs conceptuels et des séries synonymiques.

Toutefois de nombreux dépouillements restent à faire qui permettront de juger plus exactement du lexique français en tant que système.

Parmi les facteurs linguistiques il faudrait distinguer ceux qui agis­sent au niveau de la langue-système et ceux qui appartiennent au niveau de la parole. Au niveau de la langue nommons :

1. L'interaction des mots sémantiquement apparentés. Ce phénomè­ne a été mentionné à plusieurs reprises à partir de A Darmesteter. En effet, les vocables sont associés par de multiples liens sémantiques déter­minant leur place, leur fonctionnement et leur évolution ultérieure dans la langue. Les modifications sémantiques que subit un vocable rejaillissent généralement sur d'autres vocables unis au premier par des rapports va­riés. Ainsi on peut observerun mouvement sémantique parallèle dans les mots à sens proche. Dans l'ancien français les verbes songer et penser avaient des sens différents : le sens principal de penser était le même qu'aujourd'hui, alors que songer voulait dire « faire un songe, un rêve » Au XVIe siècle songer avait acquis le sens de penser, en tant que synony­me de ce dernier il s'employait dans les mêmes constructions, sans com­plément :



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