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LES GROUPEMENTS LEXICAUX 10 страница



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Donc, tout comme pour -ation et -(e)ment la fonction essentielle de -âge consiste à communiquer au dérivé la forme d'un substantif.

II est à remarquer qu'à l'aide du suffixe -âge on forme des substan­tifs qui signifient presque exclusivement l'action. Ce suffixe ne manifes­te guère la faculté de former des substantifs exprimant un processus. Les dérivés désignant un état sont rares : chômage.

Signalons pourtant cocuage. esclavage, servage, veuvage qui sont dans le français d'aujourd'hui dos dérivés avec un suffixe -âge homony­me, car ils représentent un autre modèle de formation. (Ce suffixe -âge s'ajoute régulièrement à des substantifs ou des adjectifs et communique lui-même le sens d'un état.)

Outre ces suffixes qui sont parmi les plus productifs il y en a d'autres dont la productivité s'est considérablement affaiblie. Certains de ces suf­fixes ont toutefois laissé un grand nombre de formations, exprimant l'ac­tion ou des sens proches et dérivés, qui sont fort répandues dans la langue d'aujourd'hui. Tels sont les suffixes :

-erie, (formé par la contraction de -ier et -ie). dont les dérivés expri­ment des actions de caractère défavorable : agacerie, criaillerie. vant-rie, tuerie, tromperie, etc. ;

-erie - homonyme du précédent, les dérivés duquel désignent un métier, une industrie, un genre de commerce, et aussi le lieu où l'on fabri­que, où l'on vend un produit quelconque : chaudronnerie, chapellerie, ganterie, boulangerie, laiterie, (usine où l'on traite le lait), fromagerie, crémerie, etc. :

-ance (-ence), dont les dérivés expriment des actions différentes : surveillance, obéissance, délivrance, vengeance, préférence, référence , ou l'état : souffrance, repentance, somnolence :

-ée qui a donné un groupe de dérivés exprimant des actions accom­plies dans l'espace : tombée, montée, traversée, rentrée, arrivée, tour­née ; et un autre groupe de dérivés exprimant des actions réitérées : brossée, frottée - «град ударов», rossée, tripotée ;

-ade formant un groupe de dérivés exprimant des mouvements ou des actions accomplies dans l'espace : débandade, reculade, galopade, glissade, roulade, promenade, ruade.

Un autre groupe de dérivés avec ce suffixe exprime des actions re­présentant « une façon de tirer, de faire feu » : mousquetade, canonnade, fusillade, arquebusade et dont un troisième groupe de dérivés exprime des actions avec une nuance de sens péjorative : turlupinade, fanfaronna­de, bravade, bourrade.

Les dérivés avec le suffixe -is expriment souvent des actions aryth­miques, en quelque sorte désordonnées et irrégulières : arrachis -«вырывание молодых деревьев» : et en particulier des bruits et des sons irréguliers. désordonnés : cliquetis - «бряцание». clapotis - «плеск», gargouillis - «журчание воды» ; ce suffixe manifeste la facul­té de communiquer des sens dérivés de l'idée de l'action, et dans ces cas, tout comme dans les précédents, l'action exprimée par la base normative est une action arythmique, irrégutière : gribouillis - «неразборчивый почерк», fouillis - «беспорядок», hachis - «мешанина», taillis -«путаница».

-aison (-ison) forme des dérivés tels que fauchaison, fenaison, fleuraison, guérison qui expriment des actions ou des processus envisagés dans leur durée.

Les dérivés avec le suffixe -ure et ses variantes -ture, -ature, -iture expriment parfois l'action -.forfaiture, imposture et principalement le ré­sultat de l'action rendue par le mot de base : échancrure, déchirure, écor-chure, piqûre, meurtrissure ; ces derniers désignent pour la plupart quelque lésion ou perturbation produite dans la texture d'un objet.

Nommons encore les dérivés avec les suffixes -ie : saisie, sortie, éclaircie, acrobatie ;

-isme '.journalisme, alpinisme, protectionistne, cul­turisme, suivisme (ces dérivés expriment non pas l'action, mais plutôt une activité ou une occupation quelconque) ; -at : attentat, assassinat, crachat.

Des exemples cités il ressort que la majorité des substantifs suffixaux exprimant l'action sont en corrélation avec des verbes : agacerie <— aga­cer ; surveillance <— surveiller ; montée <- monter ; brossée <— brosser ; reculade <- reculer ; clapotis <— clapoter ; fessée < fesse, mais : <-fesser.

Signalons à part les dérivés avec -erie désignant un métier, une in­dustrie, etc., qui sont en corrélation avec des substantifs : chaudronnerie <— chaudron, ganterie <— gant.

Comme nous l'avons vu, les suffixes synonymes à l'aide desquels on forme des substantifs exprimant l'action diffèrent par leur productivi­té, la sphère de l'emploi et les nuances de sens de leurs dérivés.

Un autre groupe est formé par les suffixes dont les dérivés expriment la qualité.

Le suffixe le plus répandu et productif de ce groupe est -ité, -(e)té, du latin -itas, -itatem. La variante de formation savante -ité est plus pro­ductive que la variante de formation populaire

-(e)té. Ce suffixe a donné un grand nombre de dérivés qui enrichissent surtout la terminologie scientifïque. Ce sont des termes philosophiques : objectivité, subjectivité, re­lativité ; des termes de médecine : capillarité, matité, verrucosité ; des termes de physique : conductibilité, polarisabilité, résistivité, sélectivité et autres.

Ëtymologiquement les substantifs avec ce surfixe sont tantôt des dé­rivés d'adjectifs, tantôt des emprunts au latin : pourtant dans le français contemporain la plupart des emprunts ne sont plus reconnus comme tels car ils se trouvent en corrélation avec les adjectifs correspondants. Ainsi, par exemple, rigidité, rugosité ont été empruntés au latin, mais sont aujourd'hui en corrélation avec les adjectifs rigide, rugueux,

Les dérivés avec -ité, -(e)té expriment des qualités (morales et phy­siques), des propriétés différentes : affabilité, intrépidité, agilité, suavité, frilosité, littérarité, francité, clarté, fierté, etc. Certains dérivés avec ce suffixe désignent des objets, des phénomènes, des actions caractérisés par la qualité rendue par la base formati ve : cavité - «впадина, полость» : mucosité - «слизь», joyeusete - «веселая выходка». D'autres dérivés avec le même suffixe expriment l'état : captivité, invalidité, liberté, oisi­veté. D'autres encore des relations diverses '.fraternité, rivalité, récipro­cité.

Le suffixe -ce est assez productif dans le français moderne. Ses déri­vés expriment surtout des qualités morales et physiques, des propriétés : impertinence, puissance, transparence, aberrance, déficience, brillance, délinquance, pertinence, insouciance.

Un autre suffixe productif de ce groupe est -isme dont les dérivés expriment aussi différentes qualités et propriétés, de même que des états, des relations : patriotisme, héroïsme, higotisme, primitivisme, dilettan­tisme, académisme, ilotisme, parasitisme, analphabétisme, antagonisme

Parmi les suffixes moins productifs de ce même groupe mention­nons :

-erie dont les dérivés expriment principalement des défauts moraux : poltronnerie, niaiserie, effronterie, lâcherie, mesquinerie, canaillerie, dinguerie ;

-esse, dont les dérivés expriment surtout des qualités (physiques et morales) -.gentillesse, sveltesse, robustesse, faiblesse, sagesse, hardiesse :

-eur, dont la plupart des dérivés expriment des propriétés physiques : rougeur, blancheur, minceur, longueur, hideur, splendeur, froideur ;

-itude (-ude, -tude). dont les dérivés rendent le plus souvent des qualités physiques, des propriétés promptitude, exactitude, platitude. etc. : certains dérivés avec ce suffixe expriment l'état : solitude, quiétude, inquiétude, béatitude:, plénitude, lassitude ; l'attitude envers qn ou qch : gratitude, certitude :

-ise, dont les dérivés expriment surtout des défauts moraux (ou in­tellectuels) : sottise, fainéantise, gourmandise, vantardise ;

-ation (et ses variantes), -ition, -tion, -ion, dont les dérivés dénom­ment différentes qualités (ou défauts) : approximation, abomination, dis­crétion, dévotion, précision, concision ;

-ie, dont les dérivés expriment surtout des qualités morales : modes­tie, courtoisie, bonhomie, perfidie, infamie, etc. ; l'état et l'attitude en­vers qn ou qch '.folie, mélancolie, jalousie ;

-ure, dont les dérivés rendent des qualités différentes : droiture, dé­sinvolture.

A quelques exceptions près les dérivés exprimant la qualité sont en corrélation avec des adjectifs.

Parmi les suffixes abstraits une place à part revient au suffixe très productif -isme, dont les dérivés étant en corrélation avec des substantifs expriment des conceptions, des doctrines, ou des écoles différentes : so­cialisme, marxisme, conformisme, dirigisme, extrémisme, intervention­nisme, romantisme, réalisme, existentialisme, impressionnisme, symbolisme, fauvisme, obstructionnisme, dadaïsme, intimisme, tachisme et beaucoup d'autres.

Ce suffixe devient surtout productif à partir du XIXe siècle, où il donne naissance à une quantité de substantifs désignant toutes sorte de systèmes philosophiques et politiques, ce qui reflète la lutte des théories, écoles et partis multiples.

Parmi les suffixes abstraits nommons encore :

- ceux à l'aide desquels on forme des substantifs exprimant une fonc­tion, une dignité et parfois aussi un régime gouvernemental, la manière de gouverner : -at - cardinalat, notariat, rectorat, marquisat ; -ie - tyran­nie, monarchie, seigneurie ; -ce - agence, présidence, lieutenance ; -ure - préfecture, magistrature ;

- les suffixes à l'aide desquels on forme des substantifs désignant une branche de la science, de l'art : -ique - informatique, thérapeutique, sémantique, linguistique ; -ie -pédagogie, philosophie, stratégie, anatomie, chirurgie ; -logie, qui peut être traité de suffixe en français contem­porain est parmi les plus productifs de ce groupe - filmologie. vulcanologie, radiologie, alergologie, cancérologie, caractérologie, phytoécologie (étude du milieu) ;

- les suffixes qui servent à former des substantifs désignant une ma­ladie. un malaise, un défaut physique : -ie- pleurésie, phtisie, paralysie. anémie, asphyxie, diphtérie : -isme - alcoolisme, somnambulisme, albi­nisme, daltonisme, rhumatisme : -ite - bronchite, appendicite, laryngite, méningite : rappelons que -ite a acquis récemment un nouveau contenu sémantique : il s'est enrichi d'une valeur métaphorique « manie, habitude maladive » : dans ce sens -ite a donné une série de dérivés à connotation péjorative ou ironique, dont espionnite, réuniomte. sondagite.

§ 35. Les suffixes servant à former des substantifs concrets. Les suffixes des substantifs à sens concret constituent un autre groupe consi­dérable.

Parmi ces suffixes signalons tout d'abord ceux dont les dérivés dési­gnent l'homme d'après quelque caractéristique.

Un de ces suffixes les plus productifs de notre époque est -iste dont un grand nombre de dérivés formés de noms communs et de noms pro­pres de personnes désignent l'homme, d'après son appartenance à quel­que doctrine ou école : humaniste, écologiste, impressionniste, communiste, anarchiste et dont d'autres dérivés tirés aussi de substantifs désignent l'homme d'après son activité, sa profession : anatomiste. ro­maniste, médiéviste, miniaturiste, céramiste, croisiériste, culturiste, dialogiste ; la productivité des suffixes -eur (-euse) et -ateur, -teur,

(-atrice, -trice) n'a pas été altérée au cours des siècles ; leurs dérivés formés géné­ralement de verbes désignent le plus souvent une personne d'après son occupation ou l'action qu'elle accomplit : travailleur, lutteur, sélection­neur, filmeur. skieur, autostoppeur ; monteuse, escrimeuse, basketteu­se, fondateur, ftlateur. vulgarisateur, animateur : parmi les suffixes bien productifs de ce groupe viendra se ranger le suffixe -ier, -tier (-ière, -tière) : vacancier, liftière (dans un grand magasin), grutier, confèrencier(-ière), romancier(-ière). il est à noter que les variantes de ce suffixe -er (-ère) ont perdu leur ancienne productivité : vacher, vachère : -logue est encore un suffixe productif du même groupe ; il forme des substantifs désignant l'homme d'après son occupation : radiologue, cosmétologue, océanologue, alergologue.

Signalons les suffixes moins productifs de ce groupe :

-aire : bibliothécaire, publicitaire : -ien (-ienne) -politicien, musi­cien, Parisien (-ienne) :

-éen (-éenne) : Européen (-enne), Coréen (-enne) : -ais (-aise) : Anglais (-aise), Français (-aise). Marseillais (-aise) ; -ois (-oise) : villageois (-oise), Suédois (-oise), Chinois (-aise).

Les dérivés de ce groupe sont en corrélation tantôt avec des verbes. tantôt avec des substantifs ou des adjectifs dont ils sont pour la plupart formés (lutteur < <- lutter .fermier < <- ferme : antiquaires <- anti­que).

Un autre groupe comprend les suffixes qui servent à former des substantifs désignant des objets ou des produits divers : ce sont : -er, -ier : oranger, palmier, figuier : saladier, pigeonnier -ière : soupière, saucière, yaourtière : -ette : sonnette, allumette, bavette, mouillette : -et : jouet, martinet ; -erie : tapisserie : -ade : citronnade, limonade, orangeade.

Parmi les suffixes particulièrement productifs de ce groupe nom­mons -ateur (-teur, -eur) et -euse qui forment des substantifs désignant des machines, des appareils de toute sorte : excavateur, épurateur. aspi­rateur, interrupteur, repondeur (téléphonique) : baladeuse, moissonneu­se, faneuse, lessiveuse, visionneuse. Nous avons déjà signalé les suffixes de création récente -on et -tron formant des substantifs désignant, le pre­mier, des particules élémentaires : neutron, positon, le second, des appa­reils : bétatron, magnétron, cyclotron.

Ajoutons encore -thèque (du grec thêke - « réceptacle, armoire ») qui, au cours du temps, s'est métamorphosé en un suffixe et s'est avéré particulièrement productif à l'heure actuelle : il a formé, entre autres. discothèque, ludothèque, médiathèque, vidéothèque, cinémathèque, so-nothèque, pochothèque (collection de livres de poche).

Les dérivés avec les suffixes de ce groupe sont tirés tantôt de verbes. tantôt de substantifs avec lesquels ils sont en corrélation (aspirateur < <-r aspirer ; tapisserie < <- tapis ; saucière < <- sauce) : certains sont for­més à partir d'éléments d'origine étrangère, surtout latine et grecque : cychtron < cyclo - gr. kuklos - « cercle » et [élec]tron ; magnétron < magné-[to-] - gr. magnes - « aimant » et [cyclo] tron.

Un groupe particulier comprend les suffixes qui servent à former des substantifs collectifs désignant une réunion d'objets ou de personnes ou bien une quantité de qch : -ade : colonnade, balustrade ; -âge -.feuillage, plumage ; -aie : chênaie, cerisaie, hêtraie ; -at : prolétariat, agglomérat, habitat : -ée, -etée : bouchée, assiettée, brassée, pelletée : -erie : verre­rie , -is : cailloutis, lattis : -aine : dizaine, douzaine, vingtaine ; -ain : quatrain, douzain. Ces dérivés sont tirés de substantifs, d'adjectifs nu­méraux, plus rarement de verbes.

À part se situent les suffixes qui confèrent aux dérivés une apprécia-^ tion subjective : ce sont les suffixes diminutifs dont la productivité sem­ble reprendre de la vigueur dans le français contemporain [25. 1972|. -et, -elet : jardinet, enfantelet : -elle : ruelle, tourelle : -on, -eron, -illon : ourson, chaton, moucheron, négrillon ; ces dérivés sont formés de subs­tantifs ; ce sont encore les suffixes péjoratifs : -aille : mangeaille, valetaille : -asse : paperasse ; -on : Margoton ; ces dérivés sont formés de verbes et de substantifs.

§ 36. La suffixation des adjectifs. La suffixation est aussi un des moyens les plus importants de la formation des adjectifs. Les suffixes les plus répandus et les plus productifs des adjectifs sont -ique, -al, -el, -aire, -iste, -ien, -able, -é. Un nombre considérable de suffixes commu­niquent aux dérivés l'idée d'une relation, de l'appartenance à ce qui est exprimé par la base fomiative. Tels sont : le suffixe -ique exprimant de préférence l'appartenance à quelque branche scientifique, à une école ou un genre artistique, à une doctrine : philosophique, géographique, histo­rique, artistique, poétique, romantique ; il exprime aussi l'appartenance à une couche sociale : aristocratique, bureaucratique. Un sens relation­nel est rendu par les suffixes -al(-aie ; -aux, -aies) et -el (-elle ; -els, -elles) : national, colonial, dialectal ; ministériel, industriel : -aire : ré­volutionnaire, universitaire ; -iste exprimant l'appartenance aune idéo­logie, une doctrine, à un parti politique : monarchiste, anarchiste, socialiste, réformiste : -ais (-aise), -ois

(-oise) exprimant l'appartenance à un pays, à une localité : français, anglais, chinois, suédois, champen­ois ; -ien (-ienne), -éen (-éenne), -ier (-ière), -in (-ine) : prolétarien, académicien, ukrainien : européen ; financier : féminin : il en est de même pour le suffixe -ain (-aine) : américain, républicain. Ces dérivés sont tirés de substantifs, l'idée de l'appartenance est également rendue par les suffixes.

Certains suffixes forment des dérivés également tirés de substantifs et exprimant la qualité : tels sont les dérivés avec les suffixes -ique : énergique, emphatique, magique : -al et -el (et leurs variantes) : fonda­mental, colossal : mortel, essentiel : -eux (-euse) : vigoureux, majes­tueux, merveilleux, cancéreux : -é (e) : azuré, argenté, ambré, ampoulé : -u (e) : barbu, charnu, cornu, touffu : -able : confortable, effroyable, raisonnable ;..-esque : livresque, romanesque, carnavalesque : la qualité est également exprimée par les dérivés avec le suffixe -if (-ive) qui sont en corrélation tantôt avec des substantifs, tantôt avec des verbes dont ils sont généralement formés : approximatif <- approximation, corrélatif < <- corrélation, pensif «-penser, commémoratif < <- commémorer.

Le suffixe -ard (-arde) fonne des dérivés tirés généralement de ver­bes, parfois de substantifs ; il leur confère un sens péjoratif : braillard, criard, grognard, pleurard ; fêtard, soiffard, patriotard.

Les dérivés avec le suffixe -able (-ible) expriment l'aptitude à subir l'action rendue par la base fomiative verbale, par exemple : pardonnable, déchiffrable, fiable, jetable, contestable, discutable, corrigible, nuisible.

C'est précisément dans ce sens que ce suffixe est particulièrement produc­tif.

Les dérivés avec -âtre expriment « la manifestation à un degré infé­rieur » de la qualité exprimée par la base formative : ces dérivés sont tirés d'adjectifs de couleurs : blanchâtre, violâtre, rougeâtre, bleuâtre, noirâ­tre, verdâtre, jaunâtre.

Certains dérivés avec le suffixe -al (et ses variantes) expriment l'at­titude envers quelqu'un ou quelque chose : amical, cordial. D'autres dé­rivés avec -al(e), et certains dérivés avec -ain(e) expriment des rapports différents : matinal, central, génial ; lointain, prochain, riverain.

§ 37. La suffixation des adverbes. La dérivation des adverbes s'ef­fectue à l'aide de l'unique suffixe -ment. Ce suffixe provient du latin mente, l'ablatif de mens - « esprit, façon de penser ». Au cours de son développement historique la signification première de ce mot s'est effa­cée et il s'est converti en un suffixe ordinaire servant à former des adver­bes : dès lors on a pu l'accoler à toutes sortes de bases formatives.

Dans le français moderne les adverbes avec ce suffixe sont en corré­lation avec des adjectifs dont ils sont formés : lentement < <- lente, heu­reusement < <— heureuse, mollement < <- molle, rapidement < <- rapide, modestement < <— modeste ; prudemment < <- prudent.

Les formations avec ce suffixe peuvent exprimer : la manière (par exemple, tous les adverbes cités ci-dessus) : le degré d'intensité de la manifestation d'un phénomène : complètement, entièrement, extrêmement, suffisamment : un rapport de temps, par exemple -.prochainement ; l'atti­tude du sujet parlant envers la réalité : probablement, certainement, évi­demment.

§ 38. La suffixation des verbes. La suffixation est moins typique des verbes que des substantifs et des adjectifs.

Le suffixe -is, qui est parmi les plus productifs, signifie le fait d'être ou de mettre dans l'état exprimé par la base formative : agoniser <- ago­nie. « être dans l'agonie » ; légaliser < <- légal. « rendre légal » ; égaliser < <- égal, « rendre égal ». Les formations avec ce suffixe sont en corréla­tion avec des substantifs ou des adjectifs.

Le fait de « mettre dans un état » est rendu aussi par les formations avec les suffixes -c- ,

-ifi-, par exemple : obscurcir <- obscur. « rendre obscur ». durcir < <- dur. « rendre dur » : amplifier < ample, « rendre ample » : glorifier <- glorieux. « rendre glorieux » Ces formations sont généralement en corrélation avec des adjectifs. Toutefois récemment a paru chosifier- « rendre semblable aune chose ». dérivé d'un substantif.

Certaines formations avec le suffixe -c- peuvent exprimer la mani­festation ou la communication de la qualité rendue par la base adjectivale . noircir, forcir (ce table a noirci ; le garçon a forci)

Le même sens avec une nuance diminutive est parfois rendu par les formations avec le suffixe -oy- : ondoyer, rougeoyer : ces formations sont en corrélation avec des adjectifs ou des substantifs



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