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LES GROUPEMENTS LEXICAUX 1 страница



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Table de matieres.

Introduction ………………………………………………………………………………………………………1

Chapitre I: Notions de base …………………………………………………………………………………….1

Chapitre II: Le mot………………………………………………………………………………………………..6

Première partie

Les sources d`enrichissement du vocabulaire français.

 

La langue en tant que phénomène social………………………………………………………………………...21

Chapitre I: L`évolution sémantique des unités lexicales……………………………………………………....23

Chapitre II: La formation des mots……………………………………………………………………………..37

Chapitre III: La formation des locutions phraséologiques………………………………………………………55

Chapitre IV: Les empruntes……………………………………………………………………………………..62

Deuxième parti

Stratification fonctionelle du vocabulaire en français moderne

Les groupements lexicaux……………………………………………………………………………………….74

Chapitre I: Caractéristique du fonds usuel du vocabulaire du français moderne………………………………74

Chapitre II: Différenciation territoriale et sociale du lexique du français moderne……………………………77

Chapitre III: Mots et calques internationaux dans le vocabulaire du français moderne………………………...85

Chapitre IV: Eléments nouveaux et archaiques dans le vocabulaire du français moderne……………………...86

Troisième partie

Structuration sémantique et formelle du vocabulaire du français moderne

Les sous-systèmes dus aux relations assotiatives au sein du vocabulaire français……………………………..90

Chapitre I: Les synonymes…………………………………………………………………………………….91

Chapitre II: Les antonymes…………………………………………………………………………………….98

Chapitre III: Les homonymes………………………………………………………………………………….100

Quatrième partie

Notes lexicographiques

Types de dictionnaires………………………………………………………………………………………….103

Chapitre I: Les dictionnaires unilingues………………………………………………………………………104

Chapitre II: Les dictionnaires bilingues………………………………………………………………………..116

 

INTRODUCTION

CHAPITRE I

NOTIONS DE BASE

§ 1. Objet d'étude de la lexicologie.Le terme « lexicologie », de provenance grecque, se compose de deux racines : « lexic(o) » de « lexikon » qui signifie « lexique » et « logie » de «logos» qui veut dire « mot, discours, traité, étude ».

En effet, la lexicologie a pour objet d'étude le vocabulaire ou le lexique d'une langue, autrement dit, l'ensemble des mots et de leurs équiva­lents considérés dans leur développement et leurs liens réciproques.

Le vocabulaire constitue une partie intégrante de la langue. Aucune langue ne peut exister sans mots. C'est d'après la richesse du vocabulaire qu'on juge de la richesse de la langue en entier. De là découle l'importance des études lexicologiques.

La lexicologie peut être historique et descriptive, elle peut être orien­tée vers une ou plusieurs langues. La lexicologie historique envisage le développement du vocabulaire d'une langue dès origines jusqu 'à nos jours, autant dire qu'elle en fait une étude diachronique. Elle profite largement des données de la linguistique comparée dont une des tâches est la confron­tation des vocables de deux ou plusieurs langues afin d'en établir la paren­té et la généalogie.

La lexicologie descriptive s'intéresse au vocabulaire d'une langue dans le cadre d'une période déterminée, elle en fait un tableau synchronique. La lexicologie descriptive bénéficie des études typologiques qui re­cherchent non pas à établir des rapports généalogiques, mais à décrire les affinités et les différences entre des langues indépendamment des liens de parenté.

Il n'y aguère de barrière infranchissable entre la lexicologie descripti­ve et la lexicologie historique, vu qu'une langue vivante envisagée à une époque déterminée ne cesse de se développer.

Ce cours de lexicologie sera une étude du vocabulaire du français moderne, considéré comme un phénomène dynamique. Quant à l'inter­prétation du terme « français moderne » nous nous rallions à l'argumen­tation de G. Molinié qui le situe dans la tranche temporelle allant du XVIIe siècle à l'époque actuelle.

Notons que la lexicologie est une science relativement jeune qui offre au savant un vaste champ d'action avec maintes surprises et découvertes.

 

§ 2. Les aspects synchronique et diachronique des études lexico-logiques.La langue prise dans son ensemble est caractérisée par une grande stabilité. Pourtant elle ne demeure pas immuable. C'est en premier lieu le vocabulaire qui subit des changements rapides, se développe, s'enrichit, se perfectionne au cours des siècles.

La lexicologie du français moderne est orientée vers le fonctionne­ment actuel des unités lexicales en tant qu'éléments de la communica­tion. Cependant la nature des faits lexicologiques tels qu'ils nous sont parvenus ne saurait être expliquée uniquement à partir de l'état présent du vocabulaire. Afin de pénétrer plus profondément les phénomènes du vo­cabulaire français d'aujourd'hui, afin d'en révéler les tendances actuelles il est nécessaire de tenir compte des données de la lexicologie historique.

Ainsi, c'est l'histoire de la langue qui nous renseigne sur le rôle des divers moyens de formation dans l'enrichissement du vocabulaire. Une étude diachronique du lexique nous apprend que certains moyens de for­mation conservent depuis des siècles leur vitalité et leur productivité (par exemple, la formation des substantifs abstraits à l'aide des suffixes -ation, -(e)ment, -âge, -ité, -isme),d'autres ont acquis depuis peu une importan­ce particulière (ainsi, la formation de substantifs avec les suffixes -tron, -rama, -matique).d'autres encore perdent leur ancienne producti­vité (telle, la formation des substantifs avec les suffixes -esse, -ice, -ie).

Les phénomènes du français moderne tels que la polysémie, l'homo­nymie, la synonymie et autres ne peuvent être expliqués que par le déve­loppement historique du vocabulaire.

Le vocabulaire de toute langue est excessivement composite. Son renouvellement constant est fonction de facteurs très variés qui ne se laissent pas toujours facilement révéler. C'est pourquoi l'étude du voca­bulaire dans toute la diversité de ses phénomènes présente une tâche ardue. Pourtant le vocabulaire n'est point une création arbitraire. Malgré les influences individuelles et accidentelles qu'il peut subir, le vocabu­laire d'une langue se développe progressivement selon ses propres lois qui en déterminent les particularités. L'abondance des homonymes en français en comparaison du russe n'est pas fortuite ; ce n'est guère un fait du hasard que la création de mots nouveaux par le passage d'une catégorie lexico-grammaticale dans une autre (blanc adj. - le blanc [des yeux] subst.) soit plus productive en français qu'en russe. Ces traits distinctifs du vocabulaire français doivent être mis en évidence dans le cours de lexicologie.

Si l'approche diachronique permet d'expliquer l'état actuel du voca­bulaire, l'approche synchronique aide à révéler les facteurs qui en déter­minent le mouvement progressif. En effet, le développement du vocabulaire se fait à partir de nombreux modèles d'ordre formel ou sé­mantique qui sont autant d'abstractions de rapports différents existant entre les vocables à une époque donnée. On pourrait citer l'exemple du suffixe -on tiré du mot électron et servant à former des termes de physi­que (positon, négaton). L'apparition de ce suffixe est due à l'opposition du mot électron aux mots de la même famille électrique, électricité.

Le suffixe -ing d'origine anglaise a des chances de s'imposer au français du fait qu'il se laisse facilement dégager d'un grand nombre d'em­prunts faits à l'anglais. Tel a été le sort de nombreux suffixes d'origine latine qui aujourd'hui font partie du répertoire des suffixes français. Par conséquent, les multiples liens qui s'établissent entre les unités lexicales aune époque donnée créent les conditions linguistiques de l'évolution du vocabulaire. Ainsi la synchronie se rattache intimement à la diachronie.

 

§ 3. Le vocabulaire en tant que système. Le vocabulaire n'est pas une agglomération d'éléments disparates, c'est un ensemble d'unités lexi­cales formant système où tout se tient. C'est que les vocables de toute langue, tout en présentant des imités indépendantes, ne sont pas pour autant isolés les uns des autres. Dans la synchronie le fonctionnement de chaque unité dépend dans une certaine mesure du fonctionnement des autres unités. Pour s'en rendre compte il suffit d'examiner de plus près une série de synonymes. Ainsi dans la série hardiesse, audace, intrépidi­té, témérité chacun des membres se distingue par quelque indice séman­tique qui en constitue l'individualité et la raison d'être : hardiesse désigne une qualité louable qui pousse à tout oser, audace suppose une hardiesse excessive, immodérée, intrépidité implique le mépris du danger, témérité rend l'idée d'une hardiesse excessive qui agit au hasard et, par consé­quent prend une nuance dépréciative.

On peut prévoir, sans risque de se tromper, que si encore un synony­me venait à surgir il aurait reçu une signification en fonction de celles de « ses prédécesseurs ». Et, au contraire, il est probable que la disparition d'un des synonymes serait suivie de la modification sémantique d'un autre membre de la série qui aurait absorbé la signification du synonyme disparu.

Dans la diachronie les moindres modifications survenues à quelque vocable se font infailliblement sentir dans d'autres vocables reliés au pre­mier par des liens divers. Il est aisé de s'en apercevoir. Les modifications sémantiques d'un mot peuvent se répercuter sur les mots de la même famille. Au début du XXe siècle le mot parrainage signifiait uniquement « qualité, fonctions de parrain ou de marraine », mais sous l'influence de parrainer - «шефствовать» (néologisme sémantique des années 30), ce mot a reçu une acception nouvelle - «шефство». Le mot habit vou­lait dire autrefois « état » - «состояние» ; en prenant le sens de « vêtement » il a entraîné dans son développement sémantique le verbe habiller formé de bille - « partie d'un arbre, d'un tronc préparée pour être travaillée » ; l'apparition des dérivés habilleur, habillement, déshabillerest due à l'évolution sémantique du verbe. L'emploi particulier d'un mot peut également avoir pour résultat la modification de sa significa­tion. Ainsi, par exemple, un mot qui se trouve constamment en voisinage d'un autre mot dans la parole peut subir l'influence sémantique de ce dernier. Tels sont les cas des substantifs pas, point de même que rien, personne, guère qui ont fini par exprimer la négation sous l'in­fluence de neauquel ils étaient rattachés.

Il s'ensuit que dans l'étude du vocabulaire une importance particu­lière revient aux rapports réciproques qui s'établissent entre les unités lexicales.

Le système du lexique, comme tout autre système, suppose l'exis­tence d'oppositions. Ces oppositions s'appuient sur des rapports associa­tifs ou virtuels existant au niveau de la langue-système. Elles appartiennent au plan paradigmatique. Chaque unité lexicale entretient, en effet, divers rapports associatifs avec les autres unités. Prenons l'exemple de F. de Saussure qui est celui du mot enseignement. À partir du radical enseigne­ment est en rapport paradigmatique avec enseigner, enseignons, ensei­gnant, etc. : envisagé sous l'angle sémantique il s'associe à instruction, apprentissage, éducation, etc. L'ensemble des unités entretenant entre elles un type de rapport paradigmatique constitue un paradigme. On ran­ge parmi les paradigmes lexicaux les groupes lexico-sémantiques, les sy­nonymes, les familles dérivationnelles, les homonymes, etc.

Le lexique qui fait partie du système de la langue représente donc à son tour un système de systèmes.

Les rapports systémiques se manifestent non seulement au sein de la langue, mais également dans la parole. Au niveau de la parole les voca­bles réalisent leur faculté de s'agencer les ans avec les autres selon certainеs règles. Cette prédisposition inhérentes aux vocables est due avant tout à l'organisation syntaxique de l'énoncé qui implique l'existence de différents termes de la proposition. Ces derniers peuvent se réaliser seu­lement sous forme de parties du discours déterminées. Ainsi la fonction de sujet sera rendue par un substantif, un pronom personnel, un verbe à l'infinitif, mais jamais par un verbe à la forme personnelle. Par contre, un verbe à la forme personnelle sera toujours un prédicat.

Cette prédisposition des vocables est aussi commandée par des par­ticularités lexico-sémantiques. L'emploi d'un mot avec un autre n'est possible qu'à condition qu'il y ait entre eux un trait sémantique (ou sème) commun. Par exemple, l'emploi de aboyer avec chien (renard, chacal, etc.) est régulier du fait que ces mots comportent le sème commun « ani­mal ». Nous assistons ici au phénomène de coordination sémantique.

Donc, il faut reconnaître l'existence de rapports privilégiés entre cer­taines unités lexicales dans le discours.

Les rapports linéaires qui existent entre deux ou plusieurs unités sont appelés rapports syntagmatiques.

Le caractère systémique du vocabulaire repose sur les rapports paradigmatiques et syntagmatiques qui s'établissent entre les unités lexicales.

Le vocabulaire du français moderne représente un système formé au cours d'un long développement historique. C'est précisément parce qu'il forme système que le vocabulaire peut et doit servir d'objet à une étude spéciale.

Toutefois le lexique offre les traits d'un système particulier qui le distingue des autres systèmes de la langue, des systèmes phonétique et grammatical (morphologique et syntaxique).

Plus que n'importe quel autre système le système du vocabulaire subit l'effet des facteurs extralinguistiques, avant tout d'ordre social et culturel. Cette influence est directe. Il s'ensuit que le vocabulaire, étant d'une grande mobilité, représente un système ouvert, autrement dit, il s'enrichit constamment de nouvelles unités lexicales.

Une autre particularité du lexique en tant que système consiste dans le manque de régularité, de rigueur dans les oppositions lexico-sémanti­ques, ce qui entraîne des limites plutôt floues entre les sous-systèmes. Il en est ainsi jusqu'à la signification lexicale qui ne peut être définie dans toute son étendue.

Il n'en reste pas moins vrai qu'il y a une interdépendance entre les unités lexicales qui en détermine dans une large mesure le fonctionne­ment dans la synchronie et l'évolution dans la diachronie.

 

 

§ 4. Le lien entre la lexicologie et les autres branches de la lin­guistique.Le système de la langue présente un ensemble d'unités hiérar­chisées qui diffèrent par leur complexité et leur fonctionnement. En allant des unités plus simples aux plus complexes on distingue les phonèmes, les morphèmes, les mots, les propositions. Chacun de ces types d'unités constitue ce qu'on appelle un niveau de structure. Ce sont respectivement les niveaux phonologique, morphologique, lexical, syntaxique. Les uni­tés de chaque niveau, en se combinant entre elles, forment les unités du niveau supérieur ; elles sont formées, à leur tour, d'unités du niveau infé­rieur.

La lexicologie étudie les unités du niveau lexical : les mots et leurs équivalents fonctionnels. Comme les mots sont en connexion avec les unités des niveaux immédiatement inférieur et supérieur, la lexicologie se trouve étroitement rattachée à la morphologie et à la syntaxe - ces deux parties de la grammaire.

En effet, la lexicologie ne peut entièrement négliger les catégories grammaticales des mots et leur structure formelle qui sont du ressort de la morphologie. Le lien entre la lexicologie et la morphologie est particuliè­rement manifeste dans le domaine de la formation des mots. Les procé­dés et modèles de formation sont examinés par ces deux disciplines, mais sous des angles différents : la lexicologie s'intéresse à leur rôle dans l'en­richissement du vocabulaire, alors que la morphologie y voit des caracté­ristiques particulières propres aux parties du discours, elle en fait ressortir les valeurs grammaticales. Les principes de la classification lexico-grammaticale des mots sont également importants pour les études morpholo­giques et lexicologiques. Ainsi, par exemple, la répartition des mots parmi les parties du discours varie selon qu'on traite les unités telles que -clé, -pilote, -fleuve dans position-clé, école-pilote, roman-fleuve de mots ou de morphèmes (cf. l'élément -thèque qui se laisse interpréter comme ra­cine ou comme suffixe selon les approches différentes). Notons aussi qu'une forme grammaticale peut se lexicaliser : à reculons, à tâtons.

Les contacts entre la lexicologie et la syntaxe sont aussi nombreux. Un des points de convergence est formé par les locutions phraséologiques dont le fonctionnement syntaxique rejoint celui des mots.

La lexicologie s'unit à la phonétique (phonologie). La pensée de l'homme trouve sa réalisation dans la matière sonore qui constitue lei tissu de toute langue. Comme toute autre langue le français possède son propre système phonique caractérisé, entre autres, par les particularit de la structure sonore des mots qui ne sont pas sans intérêt pour la lexicologie. Il importe notamment de relever les traits spécifiques de la prononciation dialectale qui offre des déviations à la norme littéraire. Il est de même nécessaire d'avoir en vue que la prononciation des emprunts faits aux autres langues peut sensiblement s'écarter des règles de la prononcia­tion française.

La lexicologie est aussi en contact avec la stylistique. Elle prend en considération l'emploi des vocables dans les styles variés de la langue.

Nous avons déjà constaté que la lexicologie se rattachait à l'histoire de la langue. Pour juger correctement des faits du français contemporain il est indispensable de s'appuyer sur le passé de la langue.

Ainsi la lexicologie qui étudie un des niveaux de la langue et repré­sente une discipline autonome ne peut être isolée des autres branches de la linguistique.

 

§ 5. Méthodes d'analyse lexicologique.Une méthode de cognition ne peut être véritablement scientifique qu'à condition de se tourner vers les lois objectives de la réalité. La méthode dialectique se propose préci­sément de révéler les lois authentiques du développement de la nature et de la société. Elle constitue la base philosophique et méthodologique des études linguistiques comme de toute autre recherche scientifique.

Le développement de la langue, le vocabulaire y compris, s'effectue conformément aux lois dialectiques. Ces lois sont nécessaires et objecti­ves, elles régissent la marche de la langue vers son perfectionnement.

Nous avons établi que le vocabulaire représentait un système au sein du système de la langue étant donné que les faits lexicaux entretiennent des liens réciproques et sont en corrélation avec les autres phénomènes linguistiques. L'approche systémique dans les études linguistiques est conforme aux principes dialectiques.

Compte tenu du caractère social de la langue il est indispensable d'envisager les faits linguistiques en liaison avec les phénomènes so­ciaux. Ceci est surtout important dans les recherches lexicologiques du fait que l'influence de la société sur le vocabulaire est particulièrement manifeste.

Toute langue vivante est en perpétuel mouvement. De là découle l'exigence d'étudier les faits linguistiques dans leur devenir. La méthode dialectique considère le processus de développement comme un mouvement progressif, ascendant. Ce développement se traduit par le passage d'un qualitatif ancien à un nouvel état qualitatif qui va de l'inférieur au périeur. Cette thèse fondamentale de la dialectique s'applique aussi bien à la langue qu 'à tout autre phénomène de la vie sociale ou de la nature. Le passage de l'ancienne qualité à la qualité nouvelle ne se fait guère dans la langue par changements soudains, par explosions brusques. Toutefois le processus du développement de la langue (de même que de tout autre phénomène) ne s'effectue pas sur le plan d'une évolution harmonieuse, mais sur celui de lamise au jour des contradictions inhérentes aux phéno­mènes, reposant sur un conflit, une compétition entre des tendances con­traires. Les éléments et les phénomènes nouveaux de la langue, et, partant, ceux du vocabulaire ne triomphent guère d'un coup des éléments et des phénomènes anciens, ces derniers ayant une longue tradition d'emploi. Comme règle, la qualité nouvelle l'emporte sur l'ancienne lorsqu'elle sert mieux les besoins de communication des hommes entre eux.

Avant de devenir un fait de la langue toute innovation occasionnelle doit se perpétuer à l'infini afin d'être assimilée et adoptée parla collecti­vité linguistique. Ainsi se réalise la loi dialectique du passage de la quan­tité à la qualité.

La méthode dialectique assure la juste compréhension et l'interpré­tation scientifique des lois qui président au développement du vocabulai­re de toute langue vivante. Elle trouve son incarnation dans un certain nombre de méthodes scientifiques générales et spéciales. Les méthodes générales concernent toute science. Les méthodes spéciales portent sur une science déterminée, en l'occurrence, sur la lexicologie.

Toute étude scientifique commence par l'observation des faits, ce qui permet par la suite de procéder à l'analyse et de faire des généralisations. L'observation constitue l'étape empirique de toute recherche. Pour un lin­guiste, qu'il soit phonéticien, grammairien ou lexicologue, la méthode d'observation n'est applicable qu'au niveau de la parole (parlée ou écrite).

L'expérience scientifique est une autre méthode générale. Le lexico­logue y a recours lorsqu'il soumet les résultats de son analyse à une véri­fication objective, par exemple, à une espèce d'expertise réalisée par des usagers de la langue.

La méthode statistique est d'une grande importance pour toutes les sciences. Elle rend un service aux lexicologues et aux lexicographes qui se proposent de mettre en valeur l'aspect quantitatif des phénomènes lexi­caux au sein de la langue, de déceler le nombre d'occurrences des unités lexicales employées dans la parole selon les conditions et les buts de l'énoncé. C'est en procédant par la méthode statistique qu'il devient pos­sible de créer des dictionnaires de fréquence.

Parmi les méthodes générales appliquées en lexicologie nommons aussi la méthode de modélisation qui consiste dans l'utilisation de modè­les (patterns ou schémas) visant à déceler la structure abstraite et les ca­ractères fondamentaux d'un phénomène. Les lexicologues font, en particulier, usage de la méthode de modélisation dans l'examen de la formation et de l'évolution sémantique des mots du fait que l'enrichisse­ment du vocabulaire s'effectue conformément à certains modèles.

Pareillement aux autres branches de la linguistique, la lexicologie fait appel à des méthodes ou procédures plus spéciales portant tantôt sur le vocabulaire dans son ensemble, tantôt sur des phénomènes lexicaux isolés. Parmi les plus répandues sont les procédures de segmentation, l'analyse en éléments constituants, l'analyse componentielle, les métho­des distributionnelle, contextuelle et transformationnelle.

La segmentation est une procédure qui consiste à découper l'énoncé en unités discrètes de niveaux différents : mots, morphèmes, phonèmes. Cette procédure s'appuie sur les opérations de substitution et de combi­naison qui permettent de grouper les différentes unités en classes homogènes. Ainsi, dans la séquence Mon fils lit la possibilité de substituer sonà mon, père à fils, mange à litnous autorise à qualifier respectivement ces éléments comme de même nature. Cette constatation est confirmée par la régularité des combinaisons suivantes : mon père lit, son fils man­ge. La segmentation concourt à préciser le statut des unités linguistiques, en particulier, à leur classification en parties du discours.



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